Jeune passionné, dynamique, dévoué, Sam Zola est l’éditeur des éditions du Grand Lac fondées en mars 2022.
Zerahïk : Est-ce suffisant pour vous définir ? Pouvez-vous vous présenter brièvement pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?
Sam Zola : Je crois bien que c’est suffisant et l’essentiel à retenir. Mais il sied de rappeler que je suis aussi Écrivain, Poète, Romancier et Essayiste en philosophie (politique). Je suis donc responsable des éditions du Grand Lac, une maison d’édition congolaise spécialisée en littérature en général.
Zerahïk : Pourquoi avoir choisir à créer une maison d’édition ainsi que le nom de Grand Lac ? Pourquoi pas en Belgique, en France ou ailleurs ?
Sam Zola : Pourquoi une maison d’édition ? Tout est parti par passion. La passion d’écrire, de lire, d’être vu et entendu par un grand nombre de personnes. Il est vrai que j’ai découvert les livres très tôt, depuis 2009, alors que je n’avais que 8 ans. Mon père avait une petite bibliothèque à la maison. Tout est parti de là. Donc pour moi, créer une maison d’édition et devenir éditeur par la suite, n’était qu’une suite logique du destin qui s’était déjà annoncé. Pourquoi pas en France ou ailleurs ? C’est bien clair ! C’est parce que je vis en RDC et vous conviendrez avec moi que c’est bien plus facile de créer une entreprise dans le pays où l’on vit, son propre pays, que de le faire ailleurs. Pour le nom…, ce nom vient du Nil. Et parce que la RDC, en sus de faire partie des régions des grands lacs, elle est elle même un grand lac dans l’idée selon laquelle elle est riche en ressources humaines et naturelles et qu’elle peut alimenter toute l’Afrique. C’est en outre une métaphore qui ne représente que la grandeur de mon pays.
Zerahïk : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la littérature et créer après une maison d’édition ?
Sam Zola : C’est trop dire de parler de motivation. C’est un rêve. J’ai toujours rêvé d’orienter les gens, d’être écouté avec attention par eux au point de devenir une référence d’inspiration et cela, pour d’aucuns. En fait, il est arrivé un moment où j’ai remarqué que l’âge de la littérature congolaise ou négro-africaine était à son effluve jubilatoire et il a fallu mettre en place une maison d’édition, qui puisse répondre aux normes internationales du monde des éditions et aux attentes des auteurs. C’est alors qu’est venue l’idée de la création des éditions du Grand Lac.
Zerahïk : Est-ce compliqué de gérer votre vie professionnelle, personnelle et éditoriale ?
Sam Zola : C’est un juste enfer. Parce qu’à côté, je poursuis mes études en Droit, et c’est vraiment difficile de concilier le tout en même temps. Ce n’est donc pas évident. C’est surtout beaucoup plus de temps à passer au travail. Tout le temps à être devant sa machine, son portable, occupé. Il m’arrive très souvent que depuis hier, je ne dorme qu’aujourd’hui. Je suis rétrogradé en termes des jours à vivre. (Rire)

Zerahïk : Que doit-on retenir, selon vous, du mot éditeur ?
Sam Zola : Tout d’abord, c’est travailler pour la passion. De rencontres importantes qui se créent et des amitiés avec ses auteurs notamment et bien plus encore, avec des personnes des rangs confondus. Il faut apprendre tous les jours, etc. Être éditeur est donc très compliqué, complexe, puisqu’il est indispensable de toujours apprendre, se documenter, être en mouvement, loin du repos au sens propre du terme. Et gérer une maison n’est pas aisé étant donné que la concurrence est colossale. Mais il appert de rester focus, se démarquer, et espérer que les différents titres que l’on choisit à publier auront du succès. Et beaucoup être dans les salons, festivals, etc… et la vie privée est reléguée au second plan.
Zerahïk : Qu’est-ce qui différencie votre maison d’édition des autres ? Vos objectifs éditoriaux court, moyen, long terme ?
Sam Zola : Nous sommes, bien entendu, une maison d’édition qui propose une ligne éditoriale large, différente des autres maisons d’édition (plus particulièrement locales ou régionales). Nous sommes par exemple l’une des rares maisons d’édition, au niveau local, à faire de livre de qualité, qui n’ont rien à envier des éditions occidentales. Notre idée principale est d’oeuvrer un peu à l’encontre de certains styles de livres, c’est à dire aller à l’orignal. Ce qui est difficile à trouver ou simplement ne se fait guère dans d’autres maisons d’édition, parce qu’il s’avère que cela est trop risqué pour les grands éditeurs. Cependant, c’est ce que nous, éditeur d’excellence, cherchons à mettre en perspective, certains livres avec un grand potentiel et pour lesquels évidemment il va falloir créer un public. Les objectifs ? C’est de continuer dans cette trajectoire, essayer d’en vivre et se développer dans d’autres branches, d’autant plus que je me développe moi-même rapidement en tant qu’écrivain.
Zerahïk : Quels étaient les œuvres ou les auteurs vous ayant fait aimer la littérature et pourquoi ?
Sam Zola : Elfia Elese, une jeune poétesse congolaise à l’époque, avec son livre Mots français, cœur d’Afrique ; Josué Mufula, romancier congolais, avec ses deux romans : Enfant de guerre et Ça ne s’impose pas. Ensuite quelques rares livres de la bibliothèque de mon père, dont : l’Afrique n’était que le début, Si les animaux avaient la parole, Le charisme, Plaire au Seigneur, etc.
Zerahïk : Le moment qui vous a le plus ému depuis que vous avez créé Grand Lac ? Le moment le plus embrassant ?
Sam Zola : La sortie des premiers livres. Bien que cela fut difficile parce advenue une ou deux semaines après que j’avais arrêté mes études universitaires. C’était déjà donc très complexe au nouveau d’émotion. Mais la sortie des livres était en soi un moment ou un côté positif avec la participation de plusieurs auteurs qui sont devenus par la suite, en quelque sorte, des amis. Il y a eu des moments où, ceux qui ne savaient pas que j’étais éditeur dans le temps, me disaient que les éditeurs volaient les auteurs. Je leur ai simplement démontré de A à Z, que les éditeurs, surtout dans le cadre de la petite édition (ou édition naissante), ne gagnaient souvent rien car ils réinvestissent tout dans les projets. Donc on est loin de parler de vol mais plutôt du contraire.
Zerahïk : Si un jeune ou tout autre auteur souhaite vous proposer son manuscrit, comment cela se passe-t-il ?
Sam Zola : Il peut venir nous proposer son œuvre en présentiel, ou nous l’envoyer carrément par voie électronique. C’est ce qu’on conseille d’ailleurs le plus, car l’œuvre doit passer entre beaucoup de mains de nos lecteurs puisque le format papier est parfois ou très souvent difficile à gérer. Le manuscrit passe entre les mains de notre directeur littéraire qui fera la sélection. En suite, ce sera moi, en accointance avec ce dernier, qui ferais le choix dans la sélection du prochain ouvrage à éditer.
Zerahïk : Pensez-vous que la place de l’auteur dans la société actuelle est bien évaluée ? Pourquoi ?
Sam Zola : Non, pas du tout. Aujourd’hui il y a tellement d’auteurs que c’est difficile qu’ils soient tous mis en avant de la même façon ou correctement. Avoir de la visibilité, ce n’est pas simple. Maintenant, la place de l’auteur dans la société, par rapport aux politiques notamment, je trouve qu’elle est assez dévaluée. Les auteurs devraient bénéficier de quelques avantages car nous connaissons tous très bien que la difficulté de ce métier est de se battre dans la marée. Donc c’est clair qu’il faudrait changer les choses et leur donner plus de crédit en tant qu’artiste. Et cette réflexion concerne tous les artistes de manière générale, et le gouvernement en particulier.

Zerahïk : Quels sont vos projets éditoriaux dans les semaines ou mois qui viennent ?
Sam Zola : En ce mois de février, nous sortons deux livres : La vie comme elle va, d’Élisabeth Mweya Tol’ande, Sur les pavés de la République, de Tony Elebe ma Ekonzo. Je n’ai pas encore arrêté les dates. En Mars et Avril, il y aura plusieurs sorties que nous devrions d’ailleurs mettre à la merci du public depuis l’année. La liste n’est pas exhaustive. Il y a également plusieurs livres de beaucoup d’écrivains qui devraient sortir au fil de l’année. J’en ferai partie moi-même…
Zerahïk : Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que la littérature Made in Congo puisse sérieusement concurrencer les maisons d’éditions et grands auteurs français ?
Sam Zola : C’est un peu ou trop compliqué bien que l’on soit un grand pays, mais on est coincé en retrait ; donc c’est pas facile de pouvoir s’ouvrir et de se montrer. Nous sommes cependant bien présents sur la scène littéraire congolaise, on espère prochainement d’autres pays, nous avons un collaborateur en France, nous vendons dans les librairies en ligne françaises sans problème mais il est clair que nous ne bénéficions pas de la même visibilité qu’un éditeur qui se situerait à Paris, par exemple. Je pense que l’une des meilleures idées serait une coalition des éditeurs congolais ou africains, qu’ils puissent se rassembler, mettre en commun tous leurs moyens pour arriver à de plus gros objectifs, mais ce n’est clairement pas facile entre « concurrents » de se mettre tous d’accord pour un fonctionnement commun.
Zerahïk : Quel conseil souhaitez-vous donner aux jeunes auteurs en herbe qui désirent se lancer dans l’aventure de l’écriture et de l’édition ?
Sam Zola : Rêvez grand ! Osez grand ! Gardez ses ambitions inébranlables, car on ne sait pas de quel sens le ballon doit toucher au sol.
Zerahïk : Une différence entre le public littéraire congolais et d’autres pays ? Tels que la France, l’Espagne, les USA ?
Sam Zola : C’est un public qui ne va pas facilement vers ce qu’il ne connaît pas tandis que le public français a besoin de ses valeurs sûres.
Zerahïk : Un mot de la fin ?
Sam Zola : “Il ne faut pas chercher beaucoup d’intelligence pour trouver une excuse quand on commence à vouloir abandonner une tâche difficile…” Tout va bien.
La Rédaction
2 commentaires
Tonton Sam l’ecrivain
Tu as inspiré beaucoup à aimer la littérature et jusqu’à maintenant tu continues à nous inspirer
La RDC est fière de t’avoir dans son effectif.
Comment une personne peut-elle dire merci à tout le monde quand il y a autant de gens à remercier ?
Merci joliment Marcus !