Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur le contrat signé le 17 septembre 2008 entre la RDC et un groupement d’entreprises chinoises (GEC) défraie toujours la chronique. La partie congolaise attendait de ce « deal » 3 milliarhds d’investissements en infrastructures.
Cependant, il est de bon aloi pour tout congolais de s’indigner à l’égard de la non-transparence et le desequilibre évalués 15 ans plutard, d’un partenariat dit WIN-WIN. L’IGF fait des révélations accablantes sur le manque à gagner et la déloyauté des partenaires chinois qui ont semble-t-il, rouler le gouvernement congolais.
Toutefois, il n’y a pas de fumée sans feu. L’opportunité de ce rapport tombe comme un cheveu dans la soupe. On devrait s’interroger sur les motivations réelles ayant conduit à la publication de ce rapport qui fragilise les relations sino-congolaises.
Hormis des visées d’intérêt politique à l’épreuve d’une année électorale, puisque s’avère-t-il que le rapport ouvre une brèche à une mise en accusation des responsables qui ont conclu le deal et ont été chargés du suivi et de l’évaluation de la contrepartie chinoise à l’aune du contrat minier. Il ne faut pas non plus perdre de vue qu’il y a sur l’échelle géopolitique, la crise mondiale survenue avec la guerre russo-ukrainienne marquant un retour tonitruant de la Russie déjà présente avec le groupe Wagner dans les pays où les armées occidentales ne sont plus les bienvenues. Son allié historique chinois, s’étant profondément enracinés en Afrique depuis plus de 20 ans, représente un danger permanent pour l’hégémonie occidentale en Afrique et dans le monde.
Dans l’entre-temps, Macron decide de partir en tournée africaine du 1e mars au 5 mars en sillonnant les capitales africaines notamment Lunda, Libreville, Kinshasa … La clairvoyance oblige que l’on se questionne sur le possible lien de causalité qui pourrait bien relier la venue d’Emmanuel Macron et le rapport sulfureux publié sur le Contrat chinois. Pour une France souffrant de sa nostalgie colonialiste et sans cesse dépendante économiquement de l’Afrique, elle parait visiblement perdre le contrôle de sa zone d’influence et n’est pas prête à lacher prise.
Malgré tout, quoi que l’on dise, même si ce contrat chinois s’est révélé perfide, elle ne doit aucunement faire l’objet d’un autodafé. En effet, dans le contexte difficile de la sortie des guerres intestines et civiles ayant mis à genou le Congo entre 1997 et 2003, l’offre chinoise fut une aubaine par rapport à l’expérience des partenaires européens conclus auparavant qui clairement, ne faisait pas franc jeu. Le Contrat chinois a néanmoins permis à l’Etat congolais la construction d’une avalanche d’infrastructures et de relancer son économie exsangue. Décidément, le fameux contrat chinois dénoncé comme Léonin par l’opposition congolaise de l’époque, nous a été toutefois salutaire.
Et si le gouvernement venait à rompre ce contrat chinois sous le coup de la pression des lobbyings occidentaux, la GEC plierait ses bagages et partirait. Alors que la panacée à cette situation se présente être la modification pour le rééquilibre des rapports de forces. Pour nous, le contrat chinois mérite une révision et non pas une résiliation.
Pour la partie congolaise, nous appelons à la vigilance afin de protéger les intérêts congolais et le maintien du fameux WIN-WIN. Car la Chine est le partenaire économique le plus fiable pour l’Afrique post-colonial.
A l’Etat congolais, je recommande par dessus tout de préparer le lit de l’après-contrat chinois. Pourvu que le plus tôt possible, nous soyons prêt;s à exploiter souverainement nos ressources minières en vue d’une pleine émancipation, sans dépendance d’une volonté extérieure et qu’enfin les fils et filles du Congo bénéficient des richesses tant convoitées.
Esdras Wandja
juriste, analyste politique et cadre du LGD